Depuis que nous sommes installés dans notre maison à Créon, je ressens plus intensément le rythme des saisons. J’observe chaque jour l’évolution des paysages et de la végétation alentours, je reconnais peu à peu les oiseaux (la grive musicienne la semaine dernière, les mésanges à longue queue il y a quinze jours), je savoure avec bonheur ce choix que nous avons fait à la fin du premier confinement et ne regrette à aucun moment d’avoir franchi ce pas que je n’osais faire avant.
D’ici, j’observe aussi plus intensément les habitudes de celles et ceux qui habitent « dans le rural ». Parmi celles qui me surprennent encore et auxquelles je n’arrive pas à me faire, je citerai en premier la propreté. Un jardin n’est pas « propre » s’il n’est pas entretenu – entendez tondu au carré. Un terrain laissé à l’abandon, sur lequel la nature reprend le dessus, vous n’y pensez même pas ! Et pour peu que vous ayez envie d’entretenir un jardin en permaculture, on va tellement vous regarder de travers… Laisser pousser les « mauvaises herbes » ? La bonne blague !
Autre pratique répandue qui découle de la précédente : le fait de jeter ses « déchets verts ». Alors que je vais très souvent à la déchetterie ces derniers temps (aménagement de la maison oblige), je suis surprise à chaque fois de voir que la majorité des véhicules qui s’y rendent sont remplis de sacs de tonte et de branches. C’est fou là aussi, quand on y pense : des kilomètres parcourus pour émettre du CO2 et dépenser de l’argent qui pourrait être autrement économisé et fertile pour la terre ! Certes auparavant beaucoup brûlaient ces déchets (je l’ai tellement vu faire quand j’étais petite) et cela se fait encore malgré la loi qui interdit cette pratique. Mais brûler du pétrole pour amener cette ressource en déchetterie ne me paraît mieux… Aussi mon mari m’expliquait-il ce matin que cela représente des volumes de plus en plus importants et problématiques pour les syndicats qui gèrent nos déchets. Comme le rappelle très bien cet article publié sur Solutions Locales, nous devrions trouver d’autres modes de gestion de ces tontes de pelouse et de haies, et sans doute former les jardiniers à d’autres pratiques, là aussi.
Troisième idée reçue que j’entends souvent et qui révèle encore d’un rapport bien spécifique à la nature : le fait de croire que les arbres ne peuvent se débrouiller sans nous. Que le lierre ou le gui ne sont pas bons pour eux, que deux arbres ne peuvent pousser côte à côte et qu’il faut les déplacer pour leur permettre de se déployer « convenablement »… Là encore, ces croyances sont très ancrées alors que les connaissances actuelles prouvent justement (s’il fallait encore le prouver) que « la nature » sait très bien se débrouiller sans nous. Deux arbres n’iront pas se gêner, ils adapteront leur façon de pousser à leur entourage, pas besoin de couper des têtes pour y arriver…
Aussi cette énergie que nous mettons à « aménager la nature » pourrait-elle sans doute être déployée autrement si nous l’observions et la comprenions plus intensément… Heureusement, les mentalités progressent : force est de constater depuis dix ans que de nombreuses communes ont compris que les espaces verts pouvaient être gérés autrement, que les « mauvaises herbes » n’en étaient pas et que la « nature sauvage » peut aussi avoir du bon (ouf ! Merci les interdictions sur l’usage des pesticides en ville et les alertes portant sur la diminution des populations de pollinisateurs…)
Et vous, y a-t-il des habitudes qui vous surprennent ou vous choquent encore dans la manière dont nous interagissons avec « la nature » ?
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